Pour que la France reste une grande nation innovante et résiliente

Contribution du pôle Bruxelles de l’AR 15

L’innovation : chance, contrainte ou défi pour la France

Pour que la france reste une grande nation innovante et resiliente.

Rapporteur : Pierre Ortiz

À Participé à cette étude : Geoffroy De Rosmorduc

Ont participé lors de scéances de travail : Frédéric Schneegans, Jérôme De Kermadec, Adrien Licha

« L’innovation sera le premier, voire le seul avantage concurrentiel du nouveau millénaire » G. Hamel

ESSAI DE DEFINITION

On ne peut, lorsque l’on touche à un sujet donné se soustraire à l’obligation d’en déterminer le sens.

Toute définition s’appuie d’abord sur la synonymie et la périphrase

Ainsi la première tentation légitime consisterait à se tourner vers l’idée d’invention lorsqu’il s’agit de cerner le thème de l’innovation, certes, l’innovateur innove et l’inventeur invente, mais les deux se renvoient l’un à l’autre plutôt qu’ils ne différent, ils participent de la même nature.

Le thème ratisse large, on peut tout de même affirmer raisonnablement que l’innovation est la recherche permanente de l’amélioration sur la base de l’acquis contrairement à l’invention qui pourrait sembler de la création ex nihilo.

INTRODUCTION.

Qui de nos jours ignorerait encore que l’on doive trouver dans la panoplie de la puissance des Etats, surtout parmi ceux qui sont dépourvus ou mal pourvus en ressources énergétiques, l’arme de la haute technologie indissociablement liée à la capacité d’innovation ?

Une autre constatation s’impose : la technologie marche à un pas de plus en plus effréné, sa maîtrise et son accaparement signifient évidemment anticiper cette évolution, , il importe aussi de garder à l’esprit que  quelle que soit l’avancée technologique bonne ou mauvaise, l’homme va l’adopter.

Remarquons aussi que certaines innovations ont permis l’ émergence des géants du numérique (Airbnb, Amazon, Apple, Facebook, Google etc…qui ont fait entrer dans la course des   entreprises de taille planétaire concurrençant les états nations  , notons  encore que parmi ces entreprises de taille mondiale on n’en trouve aucune qui soit européenne.

C’est à partir de cette constatation touchant à l’impérieuse nécessité d’innover que le pôle Bruxelles en est venu à se poser la question de savoir ce qu’il convenait de faire pour la France afin que, fidèle à son passé, elle continue de figurer parmi les acteurs de l’histoire en tant que peuple, nation et état.

L’INNOVATION ET SON HISTOIRE

 

Où a-t-on innové ?

Le « pourquoi innove-t-on ? » peut trouver un élément de réponse dans le « où a-t-on innové ? où innove-t-on ?»

Quelles sont les sociétés, les civilisations qui ont innové ?

La frontière entre l’invention et l’innovation ne sont certainement pas étanches, les deux participent du même phénomène, du même jaillissement. Il serait bien sûr vain de se poser la question de savoir quelle fut la première invention, la première innovation, l’écriture cunéiforme à défaut d’être la première invention a sans doute été essentielle pour faire naître  les autres et permettre à l’humanité d’évoluer et d’innover, on retrouve son berceau, Sumer, dans beaucoup d’autres innovations : le chiffre, la numérotation, la roue, le cadran solaire, la roue d’ailleurs est un excellent exemple d’innovation constante puisque le transport des pierres sur des rondins a cédé la place au creusement d’un axe central permettant d’y insérer un essieu tracté, etc…

Puis, toujours dans la haute antiquité, l’esprit d’innovation quitta le moyen orient Sumer, Babylone et l’Egypte pour ne plus y revenir et s’en aller visiter les terres d’occident où il prospère toujours.

Le moyen âge sera marqué par une évolution moins lente que pendant l’antiquité les innovations apparaîtront et se développeront dans le monde chrétien et l’arabo musulman, ce dernier étant largement l’héritier du monde grec et perse.

Il convient encore de remarquer que ces innovations sont lentes, très graduelles, la plupart se développant dans l’agriculture.

Les véritables innovations dans ces âges de l’humanité sont organisationnelles notamment au plan militaire où les constitutions en phalanges puis manipules et légions feront la différence sur le champ de bataille autant que l’utilisation de l’éléphant puis du char de combat monté par un cocher et un archer, ceci alors que l’adversaire possède les mêmes armes ou une technologie à peu près équivalente.

La Renaissance et les temps modernes verront l’esprit d’invention et d’amélioration camper largement sur les terres de l’Occident Chrétien, du Japon, puis de la Chine. Cette renaissance sera le point de départ de l’innovation maritime à la croisée de tous les chemins de l’imagination humaine, c’est cette innovation maritime sur le plan technique et organisationnel qui donnera et donne toujours la clef de la puissance moderne.

Remarquons encore l’émergence d’un phénomène de la renaissance qui s’impose avec plus de force que jamais, celui de la vitesse dans l’innovation, l’artillerie par exemple déclenche à un rythme encore inégalé une réaction en chaîne, la fortification, le boulet de pierre, puis de fonte, puis l’obus, puis la cuirasse……

La guerre depuis toujours ayant constitué une aiguillon de l’innovation

Constatons enfin que l’Afrique, le  sud du continent américain et l’Océanie (jusqu’aux temps les plus récents) n’évoluant guère sur le plan technique ou organisationnel sont  de plus en plus relégués par le rythme effréné de l’évolution des techniques.

 

POURQUOI INNOVE-T-ON ?

Que l’innovation ou l’invention ne poussent que sur un terreau favorable est sans doute la première vérité qui s’impose, l’innovation ne surgit pas par génération spontanée.

La convergence d’une société et d’une individualité qui, sans trop de crainte peut questionner son cadre sociétal revêt un caractère fondamental quand il s’agit de  favoriser l’innovation.

La langue castillane possède une expression très parlante « poner en tela de juicio » : mettre sur la toile du jugement, douter, questionner, passer l’acquis au crible et le faire avec d’autant plus de constance que l’on se sent soutenu par une partie ou l’ensemble de la société.

Innovation, contraintes et circonstances.

Ainsi pourrait-on être amené à croire qu’innovation et liberté sont indissociables  et que l’innovation ne peut venir de la contrainte, c’est en tout cas largement le cas dans ce qu’il est convenu d’appeler les démocraties occidentales.

Il est entendu dans la doxa occidentale que marché, prospérité, liberté et inventivité sont indissociables.

Cependant, les niveaux d’innovation très réels et concurrentiels dans des pays comme La Chine, la Russie, l’Indonésie, le Viet Nam etc… peuvent amener à constater que l’innovation peut également naître, voir être  favorisée et prospérer dans des pays de tradition autoritaire et autocratique ; le rôle de l’autorité publique devenant un acteur premier dans ce processus.

Un autre facteur d’innovation et d’inventivité est imposé par les circonstances, la guerre étant l’exemple le plus frappant, la dernière guerre mondiale a vu des dictatures et des démocraties rivaliser en termes de capacités créatrices.

L’ordre est parfois donné d’innover, d’inventer, de créer aussi bien au plan technique que littéraire ou artistique, la liberté aussi bien que la contrainte produisent des chefs d’œuvre, les orgues de Staline ou le SNA, l’avion à réaction et le spoutnik, « La Grande Illusion » de Renoir comme « Ivan le Terrible » d’Eisenstein.

 

Des points communs entre les plus grandes  nations innovantes.

Comprendre pourquoi on innove peut trouver un élément de réponse en cherchant ce qui est commun à des nations qui excellent dans ce domaine.

Prenons l’exemple de grandes nations innovantes déposant chaque année un grand nombre de brevets, parmi ces champions de l’innovation nous trouvons toujours et partout les USA, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne, Israël, les USA  etc….

Qu’est ce qui peut être commun à de telles nations cultivant du moins en apparence la différence ? ;

-D’abord le culte du travail considéré comme un devoir, une chance voire un honneur et non pas comme une malédiction.

– Le   culte de l’excellence pouvant aller jusqu’à celui de la perfection.

– Le culte de la discipline et de la rigueur.

– L’acceptation de la  sélection sur la base de la valeur

-Le culte du nouveau

-La cohésion nationale sur l’assise de valeurs communes, le culte du rêve américain aux USA par exemple, le sentiment de la dette à l’égard du pays.

-le gout du lucre

-Le culte du défi

– Omniprésence de l’Etat à des degrés divers

– Une éventuelle présence religieuse discrète mais certainement pas omni présente.

– Convergence de l’Etat, du privé et du système éducatif

– Une stabilité sociétale

– Une mentalité suffisamment ouverte pour absorber des technologies nouvelles voire inconnues puis les améliorer.

– La capacité à se remettre en cause et à s’interroger sur les choix d’une société sans être bloqués par des interdits religieux.

– Insatisfaction de l’existant

– L’existence d’une classe moyenne constituant le socle de la stabilité sociétale.

– Migration d’intégration contrôlée et appelée.

– Culture maritime ancienne même paradoxalement pour la Suisse déjà vainqueur de la coupe America

 

FAIBLESSES ET FORCES DE LA FRANCE DANS LA COURSE A L’INNOVATION :

 

Faiblesses françaises :

Dans cette course à l’innovation caracolent en tête des nations et des peuples   formés par le protestantisme, le catholicisme, le judaïsme, mais où l’apport asiatique est de plus en plus prégnant,

L’héritage catholique de la France la met parfois en porte à faux par rapport aux pays anglosaxons devant le gout de la nouveauté et celui du lucre, remarquons que  le simple fait d’innover ou d’inventer a souvent représenté pour les chercheurs français une récompense et une reconnaissance sociale en soi.

Force est de reconnaitre que la cohésion sociale est de plus en plus mise à mal entre autres par des franges  entières et grandissantes de  la population se renvoyant à des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très difficilement compatibles avec les valeurs fondatrices de la société française moderne.

Un des résultats les plus flagrants en est un effondrement du niveau général de l’enseignement, notamment des mathématiques dans certaines zones qui ont remplacé le droit et les valeurs de la République par d’autres valeurs claniques et religieuses.

Une Présence de l’Etat, à certains égards surprotectrice, et  n’encourageant pas autant qu’il le faudrait l’innovation. La société française se caractérisant souvent par  un « mille-feuille » décisionnel, législatif et règlementaire qui pèse sur la création des jeunes entreprises et sur le fonctionnement économique du pays ;

Une culture du risque moins développé que chez nos concurrents.

Des insuffisances dans la coordination entre les pouvoirs publics, le secteur privé et le monde de l’enseignement, manque de sérendipité.

Une stabilité sociale fragilisée.

Une classe moyenne en déshérence.

Les français ont un rapport ambigu,

-avec l’argent, le capital est pourtant un facteur de production aussi indispensable que le travail au fonctionnement et à la modernisation de l’économie ;

-Les coûts salariaux français sont trop élevés pour le niveau de production du pays, l’économiste français P. Artus (Natixis) avance  que la France offre « la qualité espagnole aux prix allemands »

Le système de formation professionnelle ne permet pas de remédier aux inégalités chez les moins qualifiés.

 

DES FORCES DE LA FRANCE.

 

Il y a environ 35 ans et à la suite du premier choc pétrolier, un slogan était apparu sur nos écrans et nos gazettes « En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées », ce slogan fit florès puisqu’on le retrouve dans la bouche des jeunes générations, il devait donc contenir à tout le moins un fond de vérité.

Des idées, il y a même fort longtemps que la France en regorge, si nous commençons à dresser la liste des inventions et innovations françaises littéraires, artistiques, scientifiques, industrielles, technologiques, culinaires, les quinze pages avaricieusement imparties à cette étude n’y suffiraient point.

Pourquoi la France fut toujours terre d’innovation ?

La première des réponses est sans doute fournie par ce qui était encore récemment un système d’éducation excellent et ratissant dans toutes les couches de la population ou presque.

Ce vieux pays a bâti pendant un millénaire une base culturelle, scientifique, industrielle et technologique fournissant un terreau idéal pour y faire pousser les idées dans tous les domaines, comme nous l’avons vu, on n’innove pas par génération spontanée.

Le gout de la recherche, la fascination pour la mise en question, l’honorabilité du doute, la fascination pour l’intelligence propre sont consubstantiels à l’élite française depuis avant le siècle des lumières.

Il est encore loisible de penser que la distanciation vis-à-vis  de la religion renforce cette indépendance et cette liberté d’esprit propre à explorer plus ouvertement les routes et les chemins de la découverte.

Il convient encore d’ajouter deux éléments au tableau favorable à l’innovation dans la société française, la société française est encore stable même si menacée dans cette stabilité.

L’Etat fort qui toujours a caractérisé la France a largement contribué à encourager et diffuser l’innovation, Colbert, Vauban, de Gaulle en sont certainement des exemples incontestables.

C’est la  reconnaissance des compétences qui permet  la mobilité sociale et c’est grâce à elle  que l’innovation peut prospérer, la France est et reste la République de la méritocratie.

C’est cette mobilité sociale qui a permis et permet toujours à la France d’intégrer en son sein des peuples qui lui ont beaucoup apporté comme  les communautés d’immigrés de l’Europe du sud, de la Pologne, juives   et asiatiques qui permettent au système éducatif français de maintenir son niveau notamment en mathématiques, discipline vitale pour l’innovation technique.

Enfin la France dont le domaine maritime couvre 11 millions de kilomètres carrés et comme toutes les nations innovantes est aussi une civilisation   maritime, c’est cette proximité et cette osmose avec la mer qui fait  de l’innovation constante une obligation en même temps qu’une opportunité d’exception.

Peu de pays peuvent se prévaloir d’un caractère aussi universaliste que la France, par sa langue, ses valeurs humanistes cela la prédispose plus que toute autre à s’imprégner et à intégrer les techniques et les  modes de pensée existant  dans l’univers.

 

TROIS DOMAINES PRIORITAIRES POUR L’INNOVATION EN FRANCE : LA MER ET L’ESPACE, LE CYBERESPACE

 

Puisque l’innovation doit être un outil de la puissance, de la  souveraineté et de l’indépendance de la France, il est des domaines où elle  s’impose prioritairement, le pôle Bruxelles considère ainsi qu’il en est trois qui doivent voir l’excellence innovante de la France se déployer en priorité et en toute souveraineté nationale : la mer, l’espace, secteurs qui du reste sont intimement liés depuis un demi-siècle a cela doit s’ajouter un nouvel espace virtuel : le cyberespace.

LA MER

Point n’est besoin de revenir sur la place physique qu’occupe la mer sur notre planète, cette  planète bleue, largement inexplorée.

Le monde plus que jamais dans son histoire est maritimisé et pas seulement eu égard au lien qui existe entre la mer et le continent.

On ne rappellera sans doute jamais assez que la France avec son domaine maritime est avec les USA le plus grand pays du monde par la taille,  11 millions de kms  carrés , cela impose  que la nation, si elle veut conserver et mettre en valeur ce qui lui appartient souverainement doit exceller dans l’innovation maritime ; elle en a largement les moyens, aussi bien au public qu’au privé, d’abord grâce à des formations de première force dans des écoles telles que Polytechnique et Navale, des  laboratoires et des centres d’essai.

Le roman d’amour et le mariage entre la France et la mer est pluriséculaire consacré par des marins et des administrateurs d’exception, la liste en serait trop longue de Tourville à Tabarly, de Richelieu à Darlan, des ingénieurs du génie maritime de Dupuy de Lôme à ceux de la DCAN, des innovations du CTM à l’hydroptère en passant par le scaphandre autonome de Cousteau Gagnant.

Trois dimensions de la mer

S’exprimer sur la mer exige de préciser le sujet, la mer doit être vue dans son espace tridimensionnel, la surface, la zone pélagique et le démersal ou domaine benthique.

Le démersal est déjà un terrain de concurrence acharnée autant que la surface et l’espace intermédiaire pélagique, une course stratégique a été lancée, la course à l’exploitation et à l’innovation dans ce domaine a commencé il y a beau temps, la France doit s’y maintenir coute que coute d’autant plus que la mer est un espace de  ressources largement inexplorées, de bio organismes, c’est un espace maritime qui pourrait être utilisé en médecine, en nourriture (à base d’algues) etc… le bio mimétisme, ouvre aussi des perspectives, d’innovation immenses.

La souveraineté doit être garantie  à ces trois niveaux du domaine maritime

L’ESPACE

L’histoire de la France est aussi celle de la conquête de l’air et de l’espace dès l’aube de cette aventure, la France est présente comme elle l’est encore  aujourd’hui, les français collectionnent les pionniers de l’aviation, de Clément Ader à Marcel Dassault en passant par Blériot, Mermoz et  Guynemer.

Remarquons encore que dès le départ, les constructeurs automobiles français et en particulier  équipent les aéronefs, excellent exemple de sérendipité.

L’entrée dans le domaine spatial se fera sur ces bases, puisque de l’air à l’espace le continuum est évident.

La deuxième guerre mondiale laisse clairement pressentir que la maitrise des technologies spatiales configurera le jeu de la puissance dans la deuxième moitié du XXème siècle et pour toute la durée du XXIème et sans doute au-delà.

LE CYBERESPACE.

Cet espace virtuel est devenu en quelques années un atout maître dans la panoplie de la puissance, Il est devenu aussi un champ d’affrontements stratégiques et à ce titre  il doit être intégré dans le tryptique de souveraineté mer-espace-cyberespace

Il n’y a qu’une petite poignée de nations qui peuvent prétendre exister du fond des mers aux espaces intersidéraux et la France malgré son nombre d’habitants relativement faible comparé aux autres puissances universelles  est de celles-là.

Aussi est-il indispensable que les innovations en France aillent grandement vers le renforcement et le développement de ce lien mer espace, cyberespace pour permettre à la France de rester souveraine et de tenir son rang.

Pour ce faire, le pôle de Bruxelles en est venu à considérer trois niveaux de recherche, d’investissement et d’effort.

 

Des technologies et recherches innovantes souveraines ou des coopérations ?

Le National

Puisque la France aspire à rester ce qu’elle est : une des premières nations technologiques, elle doit s’en donner les moyens.

Quels sont les critères qui devraient valoir ? D’abord ceux qui permettraient à la France de rester maîtresse et souveraine dans cette chaîne qui va du fonds des mers à l’espace extra atmosphérique et cyberspatial sans quoi toute notion de souveraineté devient relative voire illusoire.

Il est entendu depuis le général de Gaulle que la dissuasion nucléaire par exemple et la myriade de technologies qui lui sont attachée ne peuvent que dépendre exclusivement de la souveraineté  nationale.

Les technologies satellitaires comme la veille spatiale sont partie intégrante de la « chaîne »  fonds des mers à l’espace exo-atmosphérique, d’autant plus qu’il est un aspect qui ne peut et ne doit être sous-estimé ; il s’agit de la valeur des informations obtenues par ces biais et pouvant  faire l’objet « d’échanges » avec des alliés eux-mêmes possesseurs d’informations intéressant la souveraineté nationale dans le cadre pratique d’un marché de l’information.

Les chaînes de calculs, les algorithmes, stockage de données devraient également appartenir au domaine national comme tout ce qui peut assurer la survivabilité et la résilience  de la chaîne  même en mode dégradé comme nous y reviendrons plus bas.

Ce qu’il est convenu de nommer technologies de rupture ou stratégiques devront sans doute aussi relever du domaine national, .

En Coopération :

On innove rarement seul, aussi n’est-il que trop naturel de se poser la question de savoir « avec qui ? »

La question du « avec qui » quand on sort du cadre national doit être vue à l’horizon le plus large possible dans un esprit gagnant gagnant si possible. Si l’objectif est d‘innover c’est au plan planétaire que l’on doit chercher des partenaires notamment vers des cultures et des systèmes qui ont fait leur preuves.

Des encadrements trop confinants ou trop lourds tels que l’UE et l’OTAN faire  devraient faire l’objet de questionnements quand il s’agira de savoir si ce sont des enceintes à privilégier et s’il n’en est pas d’autres plus prometteuses.

La liste qui va suivre, ne peut prétendra à être exhaustive ni absolue mais a pour   but de poser la question on de savoir si c’est l’optique souveraine ou coopérative qui doit valoir.

Certains domaines indirectement liées à la dissuasion peuvent faire l’objet d’interrogations, par exemple la défense anti-missile et les technologies associées peuvent-elles faire l’objet d’une coopération et de quel type ? Il en va de même des nouvelles générations de radar là où la France compte parmi les nations innovatrices, les radars ROS (Radars à ondes de surface) peuvent-ils faire l’objet de coopérations ou relever avant tout du domaine national ?

Autres exemples  la mécanique des matériaux, les composites et les matériaux extrêmes

 

La Résilience.

Au sortir de la crise, tout le monde voudra accroître ses capacités de résistance. L’impératif d’une autonomie de plancher dans les secteurs fondamentaux (stratégiques) sera davantage pris en compte.

David Goodheart.

 

Comment innover pour être résilient ?

Dans ce domaine à l’instar des autres qui sont abordés dans le cadre de cette étude se pose la question de la définition, car après tout si l’éventail des domaines couverts par la haute technicité peut être cerné sans trop de difficultés, la notion de résilience, plus vaste et plus floue nous renvoie d’abord au sociétal et au culturel.

La résilience est avant tout l’expression de la volonté de survie de la part d’une communauté qui croit en son destin, « qui se fait une certaine idée d’elle-même ».

Il peut s’agir pour une société de haute technicité de se rabattre sur des techniques plus brutes et résistantes pour assurer sa survie.

Quel est le rapport entre innovation et résilience ? Si le mot est sur toutes les lèvres…qui en comprend vraiment le sens et la portée ? Est-ce s’adapter, se transformer, oublier et renaître en mieux, positiver pour aller de l’avant… ?

Concept emprunté à la physique et aux matériaux, l’essai de résilience correspond en effet à l’aptitude que possède un matériau à résister plus ou moins bien aux chocs. Par extension, la résilience psychologique correspond à la capacité pour un individu de surmonter l’adversité/les changements, de rebondir et d’en sortir “meilleur” qu’avant.

L’épisode actuel du Covid 19 nous renvoie brutalement au besoin de résilience c’est-à-dire d’adaptation ou d’innovation rapide voire très rapide. Nous l’avons encore vu lors de la pandémie, les contraintes, les manques ont contraint les populations à innover, à s’organiser pour pallier aux pénuries. Par exemple une innovation récente (impression 3D) a permis de trouver des solutions de substitution pour produire des éléments de protection qui hors temps de crises sont des produits à faible valeur ajouté (d’où la délocalisation de leur production)

Il importera pour soutenir cette innovation pour la résilience, d’énumérer à nouveau tout ce qui est indispensable à la vie voire à la survie de la nation, c’est-à-dire les « actifs stratégiques ».

On pourra se poser la question de savoir par exemple, s’il n’est pas nécessaire de contrôler les approvisionnements en matière premières, la création d’algorithmes, la collecte et le stockage des données etc…

Il sera tout aussi indispensable de dérouler un maximum d’hypothèses de crises  catastrophiques, notamment les plus pessimistes et les plus noires.

Pour donner corps à cette culture d’innovation dans la résilience, il conviendra de réunir sous la houlette d’une autorité et de manière permanente des aréopages où se rencontreraient des historiens spécialistes de toutes les périodes de l’humanité, des ingénieurs, des stratèges et des politiques.

Il convient d’insister sur les historiens qui eux seuls sont à même de rendre compte de ce que furent les grandes crises de l’histoire : pandémies, guerres, catastrophes naturelles, leurs conséquences et les éventuelles leçons à en tirer pour un avenir possible.

L’innovation dans des situations de crises dures est sans doute avant tout une expression culturelle acceptant l’incertitude comme une chance et s’en nourrissant.

Toutes les solutions pour parer au mal  devront  être envisagées notamment ce qui pourrait passer pour des régressions technologiques sachant que des sociétés « hautement technologiques » peuvent se permettre de telles régressions, le contraire n’étant évidemment pas vrai.

Si l’on innove c’est non pas seulement pour acquérir une supériorité technologique (qui sera de toute manière éphémère) mais aussi  pour gagner en robustesse, en sobriété énergétique ou dans le domaine de l’organisation humaine.

Nous l’avons encore vu lors de la pandémie, les contraintes, les manques ont contraint les populations à innover, à s’organiser pour pallier les pénuries. Par exemple une innovation récente (impression 3D) a permis de trouver des solutions de substitution pour produire des éléments de protection qui hors temps de crises sont des produits à faible valeur ajoutée.

 Les organisations résilientes développent, en plus, une posture proactive et positive du changement :

1)Elles anticipent (le plus possible) en décodant les signaux faibles. Elles font preuve d’ouverture, d’écoute, de réceptivité aux idées neuves, aux idées étonnantes et dissonantes, qu’elles savent capter et transformer en inspiration.

2)Elles recadrent le nouveau contexte par rapport à l’essentiel. L’inspiration issue de l’anticipation leur permet de (re)dessiner de nouvelles visions stimulantes pour l’organisation.

3)Elles co-définissent les moyens de s’ajuster positivement pour maintenir l’engagement et le sens, elles co-définissent comment se réorganiser pour garantir la pertinence, le développement et la pérennité de l’organisation.

En résumé, les organisations résilientes sont innovantes car elles gardent ainsi leur liberté d’agir et d’interagir. Elles apprennent en permanence pour mieux se transformer et savent maintenir le juste équilibre entre changement et stabilité.

En conclusion, l’innovation est un défi constant pour rester dans les grandes nations, cependant il convient pour piloter l’innovation tout d’abord de préserver, développer le terreau d’excellence scientifique national, l’éducation, la formation sont des piliers fondamentaux. Certains domaines d’innovation sont extrêmement gourmands en ressources budgétaires, pour cela il convient de définir une stratégie de coopération avec des états partenaires.

Il semble judicieux également d’innover dans l’organisation humaine de notre société, pour cela les éléments clés sont le brassage des catégories socio professionnelles et des origines géographiques à travers une immigration contrôlée. Nous pourrions par exemple créer un parcours citoyen (adolescence) : stages dans entreprises ou administration). Ensuite un service citoyen obligatoire (militaire, civil, ONG) d’un an, cela  signifierait  que les organisations (entreprises, armées, administration, EPHAD, prisons etc.) disposent des  facilités adéquates pour accueillir et utiliser ces ressources. Enfin des périodes de « réserve » pour maintenir ou développer d’autres compétences.

Prendre en compte nos valeurs et de les protéger, signifie   bâtir une stratégie d’innovation long terme afin de lancer  les coopérations dans les domaines le nécessitant mais aussi au plan strictement national  en faisant de la résilience une « révolution permanente ».

 

ANNEXES

 

La Langue Française et l’Innovation :

Certains thuriféraires de la mondialisation  vouant un culte quasi religieux au monde anglo- saxon, à ses universités et à sa recherche considèrent que l’usage du français et d’abord en France est un frein à l’innovation et que « l’anglais » doit être promu, voire remplacer le français dans l’enseignement supérieur partout où les sciences et la technologie sont les matières principales ou encore que les français « parlent mal l’anglais ».

L’argument ne tient pas, d’abord parce que la France a derrière elle un passé, un présent et un futur d’innovations tels que l’affaire est entendue.

Qu’ensuite « l’anglais » tel qu’il est parlé comme lingua franca, sans être pour autant un « sabir d’aéroport », n’est pas une langue mais un moyen ou un code de communication ou d’information à base d’anglais américain très  simplifié, une sorte de « novlang » dont parle George Orwell dans 1984, les amateurs de langue et de littérature anglaise se désespèrent devant ce qu’ils considèrent comme un appauvrissement dramatique de cette ,  cette « novlang » peut être acquise par à peu près n’importe qui pendant un temps relativement court pour s’exprimer sur un sujet donné.

Qui de ceux qui s’expriment dans cet « anglais » rétréci a jamais eu l’idée de lire  Shakespeare, Milton ou Dickens ?

Le raisonnement vaut en sens inverse avec plus de force, apprendre le français  pour suivre des cours en français dans une université française pour un étudiant du supérieur ne peut pas poser de problèmes insurmontables.

 

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

La Chine et les États-Unis mènent le peloton de tête. Les deux puissances ont très vite pris la mesure des opportunités qu’offre cette technologie dans des domaines aussi larges que le commerce, les services, l’armement ou encore la santé.

Face à la puissance de Pékin et de la Silicon Valley, l’Europe tente de s’imposer comme une troisième voie de l’IA et le rôle de la France pourrait y être déterminant, notamment sur les questions de calcul haute performance.

La région Ile-de-France aspire d’ailleurs à devenir la première région d’Europe en matière d’IA appliquée à l’industrie. Une ambition légitime à l’heure où 50% des entreprises et équipes de recherche françaises spécialisées en intelligence artificielle se regroupent sur le territoire francilien. A travers son ambitieux plan « Intelligence Artificielle 2021 » , la région IDF tend à mettre en place un ensemble de mesures visant à faciliter l’usage de l’IA et à mutualiser les données industrielles des différents acteurs économiques présents sur la région

La France, championne du calcul haute performance  

En matière de calcul haute performance, la France n’a en effet rien à envier à ses concurrents américains ou japonais, ainsi le développement de supercalculateurs permettant de traiter des gros volumes de données en temps réel. La France s’est dotée de son propre superordinateur d’une valeur de 25 millions d’euros.

Inaugurée le 17 janvier 2020 et dénommée « Jean Zay », cette machine offre une puissance de calcul maximale de 16 pétaflops, soit 16 millions de milliards d’opérations par seconde. Cette capacité équivaut à celle de 40 000 ordinateurs personnels.

Le système se compose d’une quarantaine d’armoires noires, dissimulant processeurs, GPU et disques de stockage, entreposées dans une grande salle au centre de calcul Idris du CNRS sur le plateau de Saclay en Ile de France.

C’est donc une excellente nouvelle pour la communauté de chercheurs. Cependant, ce système reste très loin des plus puissants du monde. Le superordinateur le plus puissant, Summit, a été fabriqué par IBM pour le U.S. Department of Energy’s Oak Ridge National Laboratory basé dans le Tennessee, aux Etats-Unis. Grâce à ses 2,41 millions de coeurs, il offre une puissance de 148,6 petaflops soit presque dix fois celle de Jean Zay…

Parallèlement à l’IA, le superordinateur sera aussi utilisé dans les domaines tels que la climatologie, l’astrophysique, la dynamique moléculaire ou la génomique.  Le système pourra notamment servir pour la simulation de l’évolution du climat, de l’environnement solaire ou du comportement d’un virus.

La fuite des cerveaux :

La fuite des cerveaux est en France un problème réel même s’il ne revêt pas du fait des structures implantées sur le sol national  le même caractère dramatique que dans d’autres pays, particulièrement dans les « pays en développement ».

Dans les pays occidentaux la contrainte ne peut être la solution à ce problème, problème qui du reste présente aussi des aspects moraux et sociaux.

Un étudiant de haut niveau ayant étudié gratuitement ou à peu de frais en France peut aller terminer ses études dans un pays anglo-saxon avant d’être sollicité par une grande entreprise de ce pays pour y faire carrière, ainsi le système français aura contribué à financer une entreprise concurrente pour des dizaines d’années gratis pro deo.

Il est aussi vrai que les grandes universités  anglo-saxonnes fournissent des moyens et des options de carrière avec lesquelles l’enseignement supérieur français a beaucoup de mal à se mesurer.

Le faible coût des études en France, au moins des frais d’inscription représente cependant un atout, même si une augmentation de ces couts initiaux serait une idée à retenir pour fournir plus de moyens aux universités et d’en décourager beaucoup de faire du tourisme pendant un an ou deux.

Il est encore une spécificité française qui devrait sans doute faire l’objet d’approfondissements, elle pourrait se nommer le culte du colbertisme ou du service de l’Etat, service qui continue de revêtir un prestige certain aux yeux des français.

Le corps des ingénieurs de l’Armement à l’origine de l’Ecole Polytechnique en est un exemple parlant puisque les cerveaux scientifiques les plus brillants au sortir de l’Ecole choisissent parfois le corps des IA où, il est vrai, les promotions sont rapides puisqu’il s’agit de garder au service de la technologie nationale) e des cerveaux qui pourraient être tentés par les avenantes sirènes du privé.

En 1980, la DGA (Délégation Générale pour l’Armement) était citée comme un exemple d’efficacité au Pentagone

Le système permet toujours de retenir des meilleurs parmi les meilleurs pour servir avec talent la nation, comme il est vrai que les grandes multinationales françaises ont les reins suffisamment solides pour attirer et offrir de grandes carrières aux diplômés des grandes écoles.

Il n’est pas possible d’imaginer en France une personne dotée d’une intelligence médiocre à la tête de l’Etat, ors cela fut souvent le cas aux USA et jusqu’au poste suprême, les grandes intelligences en Amérique faisant carrière dans les grandes entreprises multinationales, particulièrement financières.

Nous pourrions introduire dans ce paragraphe, l’idée ou la nécessité de transformer « la fuite des cerveaux » en opportunité. Premièrement les temps de transport d’un bout à l’autre du globe ont fortement diminué, secundo, les moyens de communication se sont fortement améliorés. Les français de l’étranger sont une mine d’information potentielle pour détecter des évolutions, des innovations et nous offrir la possibilité de les adapter à notre environnement national. Mais une politique de ce type nécessite une véritable volonté et un engagement long terme pour animer en ce sens des communautés des français de l’étranger.

La protection des données :

Il est notoire que le nombre de cyber attaques autant que leur intensité et leur efficacité ne fait que croître exponentiellement.

Les Etats et nombre d’organisations qui leur sont liées de plus ou moins loin investissent dans ce domaine des ressources toujours plus élevées.

Ainsi, les efforts et les succès les plus achevés peuvent être réduits à néant par cette piraterie moderne, les fuites involontaires ou  malveillantes dans ce domaine croissent avec le nombre d’initiés qu’il convient de réduire au maximum d’abord en réservant ce domaine stratégique  au national.

D’autre part et comme nous l’avons déjà fait valoir, les données, c’est-à-dire l’Information peuvent aussi faire l’objet d’échange et de négociations  avec les alliés autant qu’avec  les acteurs de la scène cyber mondiale.

L’Information étant aussi une richesse marchande.

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

  • Documentation générale CEA
  • Documentation générale ONERA
  • Documentation générale Bloomberg.
  • Samuel Huntington « le choc des civilisations »
  • Documentation générale WIPO
  • Stéphanie Crescent « tous intelligents » Odile Jacob
  • Documentation générale Banque Mondiale

Indicateurs OCDE : https://data.oecd.org/fr/france.htm#profile-innovationandtechnology

 

Rapport 2014 : https://www.oecd.org/fr/sti/inno/innovation-france-ocde.pdf

 

Rapport 15 ans de politiques d’innovation en France : https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/synthese-cnepi.pdf

Rapport : https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Innovation/45/0/Rapport_l_innovation_en_France_-_edition_2016_609450.pdf

 

Projet de loi de finances 2019 : http://www.senat.fr/rap/a18-148-5/a18-148-59.html

https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/the_eu_and_innovation_when_business_meets_politics.pdf

https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/fs93_brustlein_ed_mutual_reinforcement_2019.pdf